L’historique du moulin de la Plaine
Historique du Moulin de la Plaine ® par Roger Duvernois
reproduit avec l’aimable autorisation des Editions Roger Claire (reproduction interdite
Il était une fois, à Trôo…
“ le Moulin de la Plaine ”
En amont et en aval, l’eau est tranquille et s’écoule paresseusement dans son chemin de verdure.
Mais les Moulins sont là, parenthèses privilégiées, pour donner à la rivière l’occasion de révéler sa force et imposer sa présence dans le destin des hommes.
Roger Duvernois
1405 : premier parchemin, les mollins du pieu de la Plaine
Henry, par la grâce de dieu, roy de France et de Navarre…
Le 18 juillet 1609, c’est en ces termes que débute le texte le plus ancien concernant le Moulin à blé de la Plaine à Trôo et relatant quelque conflit avec l’administration du Roy.
Cet arrêté du parlement de Paris, dont copie fut transmise à Trôo pour signification nous prouve l’existence de ce moulin à l’aube du XVIIe siècle et sans doute bien avant. L’édit de Nantes à été promulgué depuis une dizaine d’années; Ravaillac affûte ses couteaux. Notre bon Roy Henry meurt par le fer et le blé continue à se moudre.
Les Louis passent et nul écrit nous porte à croire que leur auguste attention fut retenue à nouveau par notre humble Moulin. Ce qui prouve la rude sagesse de nos ancêtres meuniers qui jurèrent sans doute que l’on ne les y reprendrait plus.
Le temps passe. Il suffit de détourner la tête un siècle ou deux pour que les moulins se reproduisent. Le 7 juin 1776, un procès verbal du Sieur Alexis Hallouin, conseiller du Roi, maître Particulier en la Maison des Eaux et Forêts de Vendôme nous permet de situer la présence de trois moulins : Le moulin de la Borde-Dieu, propriété de M. le Marquis de Courtanveaux; le moulin supérieur appelé Papillon, propriété de M. de Ginestoux,Seigneur de Chalay et le moulin inférieur appelé les moulins de la Pleine, propriété de M. de Jouffroy, Seigneur de la Voute.
En 1769, un artisan prévoyant, ou en mal d’amour, grave cette date dans une pierre du Moulin. Grâce lui soit rendue de nous avoir ainsi offert ce repère, nous qui n’en avions plus depuis un siècle et demi. Sans doute est-il trop tard pour former le souhait que sa dulcinée ait perçu son appel. Le bâtiment existe toujours. En parfait état de conservation, il trouve encore son utilisation sur le site actuel. Bon pied, bon œil.
Viennent 1789 et la Révolution. Les têtes tombent et les particules aussi. En l’an X de la République, ce vingt Fructidor, nous retrouvons le “Citoyen Jouffrey” aux prises avec le préfet de la République sur une sordide affaire de position d’un déversoir au Moulin de la Plaine.
Les 782,80 francs du Sieur de Jouffray.
Le 11 Fructidor de la même année, un acte notarié est dressé qui nous apporte un savoureux rapport d’examen de la chaussée du Moulin agrémenté d’un fort joli plan, le tout parfaitement conservé.
Les choses ne rentrent pas pour autant dans l’ordre, car le préfet de la République entend bien déplacer son déversoir de quinze mètres. Le citoyen de Jouffrey (et oui, les têtes ne repoussent pas mais la particule revient), donc ledit citoyen faisant la sourde oreille, les travaux sont décidés en haut lieu, exécutés promptement et facturés au prix fort au dit citoyen qui n’en croit pas son escarcelle et se fâche; non pas tout rouge bien sûr, mais tout bleu.
Il fait appel au Conseil d’État qui désapprouve l’exécution des travaux mais en reconnait le bien fondé.
Ce qui lui permet de couper la poire en deux en même temps que la facture. L’affaire en coûtera 782,80 francs au propriétaire redevenu Sieur de Jouffrey. Nous sommes en Brumaire de l’An XII.